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Un géoglyphe en forme de chat découvert dans le désert de Nazca

29 octobre 2020 Publié par Hugo Blois

Un chat se cachait sur cette colline du Pérou depuis plus de 2 000 ans. Et sans les travaux de restauration menés par le ministère de la Culture du Pérou, nul doute que ce site allait disparaître pour toujours, miné par l’érosion, emportant ainsi avec lui ses secrets.

Ce dessin géant de 37 mètres de long représentant un félin (un chat ?) qui a la tête tournée vers nous, spectateur, a vraisemblablement été tracé sur les flancs de cette colline par la culture Paracas (entre 500 av. J.-C. et 200 apr. J.-C.), laquelle a précédé celle, beaucoup plus célèbre, des Nazcas. Mondialement connus, les géoglyphes de ces derniers sont résolument tournés vers le ciel, probablement à l’intention des dieux, au contraire de ce félin, antérieur aux Nazcas. Il a été dessiné pour être vu du sol, fait remarquer Johnny Islas, qui a conduit ces travaux archéologiques : «  […] ces nouveaux géoglyphes plus petits, qui apparaissent par groupes, induisent une conception différente : ils étaient faits pour être vus des gens ».

Quelle est l’origine de ces représentations?

Tracés il y a près de 2000 ans dans le désert péruvien, les lignes ou géoglyphes de Nazca comptent parmi les mystères les plus célèbres au monde. En effet, ces imposantes figures, visibles uniquement depuis le ciel, ont depuis leur découverte intrigué bon nombre de spécialistes en raison de leur diversité, de leur quantité et de leur taille.

Situées dans la plaine côtière et désertique du Pérou, à environ 400 km au sud de Lima, les lignes de Nazca furent découvertes en 1927 par l’archéologue Toribio Mejia Xesspe qui explorait la zone. Bien que celui-ci fit état de ce qu’il avait observé dans une revue scientifique, son histoire tomba rapidement dans l’oubli et il fallut attendre 1939 pour que le savant américain Paul Kosok effectue des clichés aériens et répertorie ces étonnantes figures. Au total, ce sont plus de 300 dessins s’étalant sur une superficie de 450 km² qui furent recensés. Cette démarche scientifique permit de mettre en évidence la grande variété des figures, aussi bien au niveau de leur représentation que de leur taille. En effet, si certains dessins prennent la forme de créatures vivantes stylisées, de végétaux ou d’êtres fantastiques, d’autres représentent quant à eux des figures géométriques plus ou moins complexes. De même, alors que les représentations d’animaux varient entre 5 et 230 mètres de long, certaines lignes ou formes géométriques peuvent s’étaler sur plus d’un kilomètre.

En analysant au carbone 14 les vestiges présents aux abords des géoglyphes, les chercheurs ont pu estimer que l’ensemble des figures ont été réalisées par les Indiens nazcas, une civilisation préincaïque, entre le IIe siècle avant J.-C. et le Ve siècle après J.-C.

Concernant le mode de fabrication, la plupart des scientifiques s’accordent à penser qu’il reposait sur des méthodes géométriques « simples » — comme le carroyage — consistant à créer des repères au sol afin de reproduire les figures désirées à grande échelle. Pour réaliser le dessin en lui-même, les Nazcas retiraient les pierres noircies par le soleil et les disposaient en talus de part et d’autre des lignes à tracer de manière à laisser apparaître le sol plus clair. Le microclimat aride et la faible activité humaine se sont par la suite chargés de conserver ces motifs en parfait état au fil des siècles.

Quelle est leur signification?

On peut effectivement se demander pourquoi les Nazcas se sont donné tant de mal pour construire des figures visibles uniquement depuis le ciel à une époque où l’aviation était encore bien loin d’être d’actualité. Et c’est bien là où réside le mystère puisque pour l’heure, il n’existe aucune certitude à ce sujet et seules des hypothèses plus ou moins crédibles ont pu être formulées.

La plus ancienne théorie concernant la signification des géoglyphes de Nazca a été émise par Paul Kosok, le premier scientifique à les avoir réellement étudiés. Il remarqua que lors du solstice d’été, les rayons du soleil couchant étaient parallèles à certaines lignes et avança ainsi l’idée que le site de Nazca ne serait ni plus ni moins que « le plus grand livre d’astronomie du monde ». Son hypothèse trouva par la suite écho dans les travaux de Maria Reiche (1903-1998), une mathématicienne allemande qui consacra la majeure partie de sa vie à l’étude et à la préservation de ce patrimoine archéologique. En effet, selon cette dernière, l’ensemble des géoglyphes formait un gigantesque calendrier astronomique qui aurait servi de repère aux Nazcas pour organiser leurs activités agricoles et religieuses.

Aujourd’hui, d’autres hypothèses tout aussi probables avancent notamment que les lignes de Nazca auraient pu servir pour des rites consacrés aux divinités ou aux défunts. En 2015, une équipe de chercheurs italiens dirigés par le docteur Rosa Lasaponara est quant à elle arrivée à la conclusion que les géoglyphes de Nazca auraient fait partie d’un réseau d’aqueducs, connus sous le nom de Puquios, qui aurait servi aux Nazcas pour faire face à la pénurie d’eau et dont les vestiges sont aujourd’hui toujours présents. Seul problème, rien ne permet actuellement de prouver qu’il existe un lien effectif entre ces « Puquios » et les fameuses lignes du site.

En définitive, la signification des lignes de Nazca reste donc l’un des plus grands mystères archéologiques connus à ce jour !

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